La formation professionnelle en France au XXIe siècle
25 mars 2023
La transition numérique initiée par les établissements et CFA comme moyen de répondre en partie aux problématiques du secteur de la formation professionnelle.
Le 31 décembre 2021, plus de 117 000 organismes de formation étaient référencées sur la Liste Publique des Organismes de Formation (article L.6351-7-1 du Code du Travail).
- Contexte et enjeux de la formation professionnelle
Le Code du Travail définit la formation professionnelle comme une formation permettant d’acquérir des compétences tout au long de la vie, facilitant l’insertion sur le marché du travail, le maintien dans l’emploi, la promotion ou la reconversion professionnelle. Elle peut donner lieu à la délivrance d’un diplôme ou d’un titre professionnel dans le cadre de 2 types de formation professionnelle :
– La formation initiale délivrée notamment au sein des lycées professionnels et de l’enseignement supérieur. Elle comprend l’apprentissage, qui permet d’alterner formation et activité professionnelle dans le cadre d’un contrat de travail.
– La formation professionnelle dite « continue » est destinée aux adultes et aux jeunes déjà engagés dans la vie active ou qui s’y engagent. Une personne engagée dans la vie active et qui souhaite progresser dans sa vie professionnelle ou se reconvertir, peut faire reconnaître ses compétences, ses connaissances et les aptitudes qu’elle a acquises dans l’exercice de son métier par :
- un titre professionnel, délivré par le ministère du Travail ;
- un certificat de qualification professionnelle (CQP), établie par les branches professionnelles ;
- la validation des Acquis de l’Expérience (VAE) pour faire reconnaître son expérience professionnelle et les compétences qu’elle a développées dans son activité depuis au moins un an.
Depuis plus d’une décennie, la formation professionnelle séduit tous les profils d’apprenants de tout âge et de toute situation socioprofessionnelle.
En novembre 2021 ; 38,02 millions de Français étaient titulaires d’un compte CPF alimenté (aussi bien dans le secteur public que privé). Selon la Dares, le nombre de formations professionnelles continues a presque doublé.
Pour bénéficier des fonds des financeurs mentionnés à l’article L.6316-1 du code du travail (les opérateurs de compétences, les associations Transitions Pro, l’État, les régions, la Caisse des dépôts et consignations, Pôle emploi et l’Agefiph), la certification Qualiopi est obligatoire pour les organismes de formation.
La certification est délivrée au titre d’une ou plusieurs catégories d’actions (actions de formation, VAE, bilans de compétences, actions de formation par apprentissage). Les organismes certifiés sont identifiés par la marque de garantie « Qualiopi », déposée auprès de l’INPI. Les sous-traitants n’ont pas l’obligation d’être certifiés.
Le 31 décembre 2021, plus de 117 000 organismes de formation étaient référencées sur la Liste Publique des Organismes de Formation, conformément à l’article L.6351-7-1 du Code du Travail.
- Les problématiques de la formation liées à la continuité du service pédagogique
Nombreux sont les sujets qui entraînent les professionnels des établissements et CFA à redéfinir leurs missions au sein de leur établissement et dans la société. Parmi lesquels, on peut citer de façon non exhaustive :
- Les mutations sociétales liées aux nouvelles technologies, à la mondialisation et au marché de l’emploi.
- L’application des réformes du Code du Travail : mise en conformité et certification Qualiopi suivant 7 critères reliés à 22 indicateurs, auxquels s’ajoutent 10 indicateurs spécifiques à l’apprentissage ou aux formations certifiantes.
- L’application des réformes de l’Education Nationale : co-intervention, chef d’œuvre, modularisation et individualisation des contenus et des parcours de formation, etc.
- Le développement d’une offre de formation plus inclusive, notamment en faveur des personnes en situation de handicap.
- L’augmentation des étudiants et stagiaires en formation professionnelle face à la pénurie du personnel encadrant et des enseignants.
- L’hétérogénéité des profils et niveaux d’apprenants face à la crise des vocations dans l’enseignement.
Les difficultés d’adaptation des professionnels face à ces évolutions sociétales et réglementaires se traduisent le plus souvent au sein des établissements et CFA, au courant de l’année académique par :
o Un nombre croissant d’arrêts maladie et d’absentéisme justifié ou non des professionnels.
o Un quota d’heures de formation (contenus, ateliers, évaluation, etc) non réalisé par l’établissement.
o Des difficultés pour les établissements à recruter ou à conserver le personnel.
o Des tensions entre les professionnels et/ou les apprenants.
Pour la rentrée de septembre 2022, une étude de la Snes-FSU, le premier syndicat d’enseignants du secondaire, Au moins un professeur manquait dans 62% des établissements.
Les difficultés d’adaptation des apprenants face à des aléas techniques ou humains se traduisent le plus souvent au sein des établissements, au courant de l’année académique par :
o Des tensions entre les apprenants et/ou les professionnels.
o Un retard accumulé dans la progression en groupe et dans les enseignements.
o Un sentiment de maltraitance et un absentéisme justifié ou non.
o Un abandon de formation ou un échec prévisible aux évaluations et aux examens.
En 2014, une étude de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) alertait sur une hausse de la violence dans les lycées professionnels, avec 25,3 incidents pour 1000 élèves. La plupart des incidents graves relevaient des violences verbales (42 % des faits) dont plus de la moitié envers les enseignants. Les violences physiques, généralement entre élèves représentaient 30 % des incidents.
- Les impacts de la crise sanitaire et du confinement
Une conséquence favorable du confinement et des mesures sanitaires a été de permettre aux professionnels et apprenants, collectivement, de s’initier ou d’expérimenter, en fonction des compétences de chacun, le télétravail, la production quotidienne de contenus numériques et la formation ou l’interaction à distance.
En 2023, les responsables d’établissement et CFA, les responsables pédagogiques, les enseignants/formateurs et les apprenants, sont plus disposés à expérimenter différents modes d’apprentissage, notamment :
✓ Des unités d’enseignement réalisées en centre par des intervenants internes ou externes,
✓ Des heures de formation réalisées par plusieurs ERP partenaire,
✓ Des cours réalisés en distanciel pour le formateur et/ou l’apprenant ;
✓ Des cours en autonomie réalisés à l’aide des supports numériques en local ou sur des applications web spécialisées.
En effet, la transition numérique initiée par les établissements et CFA, ainsi que l’externalisation de certaines de leurs ressources (matérielles, numériques et humaines) semblent être un moyen de répondre en partie aux problématiques liées au contexte et aux enjeux de la formation professionnelle en France au XXIe siècle.
JF
Sources :
https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006072050/LEGISCTA000006145422/
https://dares.travail-emploi.gouv.fr/
https://www.education.gouv.fr/
Plus D’actualités
Le numérique et la digitalisation en France
25 mars 2023 La France reste en retrait par rapport aux pays à la pointe en matière de e-administration Plus de 13 millions de Français en difficulté avec le numérique, en majorité les plus-âgés et les non-diplômés. Contexte et enjeux des populations Les...
L’évolution du secteur marchand en France au XXIe siècle
25 mars 2023 Dans la quasi-totalité des régions Françaises, les services marchands représentent plus de 50% de la valeur ajoutée produite. Les enjeux des PME pour les prochaines décennies seront d’être compétitifs sur les marchés français, européen et mondial,...